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Camara : « C'était réducteur... » Tout juste parti de son poste d'entraîneur des U19 du PSG, l'ancien défenseur central revient sur son long passage au sein du club de la capitale. Il se défend notamment de n'avoir été que « l'ami des joueurs » quand il était coach adjoint de l'équipe principale.

Arnaud Hermant

Tour à tour joueur, entraîneur adjoint de l'équipe professionnelle puis coach des U19, Zoumana Camara (45 ans) a décidé de quitter le PSG au terme de la saison dernière après presque deux décennies (2007-2024) dans la capitale. Il revisite sa riche expérience parisienne lors d'un entretien d'une heure accordé jeudi en début de soirée.

« Que retenez-vous de vos dix-sept ans au PSG ?

De la fierté. Quand j'ai signé en 2007, jamais je n'aurais imaginé être encore au PSG en 2024. C'était un objectif et un rêve pour moi d'y signer en tant que natif de Colombes (Hauts-de-Seine). J'aime les images : j'en retiens une, celle du manager d'hôtel. Avant de le devenir, tu passes par différents postes, au room-service, voiturier, restauration... Moi, j'ai été joueur, puis adjoint et enfin entraîneur, j'ai pu faire mienne mon expérience en faisant ce qui me ressemble et en fonction de mes convictions.

Comme joueur, vous avez failli connaître la relégation en 2008 et avez vécu la révolution avec l'arrivée du Qatar (2011)...

J'ai connu un PSG où il fallait se battre pour qu'il ne descende pas. Puis la transition avec la reconstruction d'un grand club français et européen. Je dis reconstruction car j'ai connu les années Ginola, Weah quand le PSG était un grand d'Europe. Ces deux facettes ont constitué une richesse dans ma formation.

"Aujourd'hui, (au PSG) je suis arrivé au bout du processus de construction

Que représente pour vous cette longue fidélité au PSG ?

Le club m'a beaucoup donné en tant que joueur, m'a permis de devenir adjoint puis de diriger les U19. J'ai un sentiment de fierté. Je suis reconnaissant envers le PSG mais pas redevable, car je lui ai aussi beaucoup donné. Aujourd'hui, je suis arrivé au bout du processus de construction.

Quel coach vous a le plus marqué ?

C'est dur de n'en retenir qu'un. J'ai été marqué par le management humain de Carlo Ancelotti, la rigueur et le travail vidéo d'Unai Emery, la responsabilisation et la liberté accordées aux joueurs par Laurent (Blanc) et je me suis beaucoup reconnu en Thomas Tuchel. Ce qu'il demandait me parlait.

On a souvent, au moins au début, réduit votre rôle d'adjoint à celui d'interprète. Cela vous a-t-il agacé ?

Agacé non, mais c'était réducteur. On ne reste pas si longtemps dans un club parce qu'on est l'ami des joueurs seulement. Je parle plusieurs langues et cela m'a servi pour faire le lien mais cela a aussi servi les entraîneurs. Un adjoint est là pour faire le relais entre le vestiaire et le coach, en sachant faire le tri entre ce qu'on lui dit et ce qu'il peut répéter.

Cette expérience chez les jeunes était-elle un passage obligé dans votre parcours d'entraîneur ?

Ces trois ans ont été bénéfiques dans ma carrière, qui s'est construite progressivement et de manière linéaire, avec une demi-finale de Championnat la première année (2021), une finale la suivante et le titre la saison dernière. J'ai pu étalonner mes principes. Il y a vingt ans, on donnait un contrat professionnel à un joueur quand il était prêt à jouer en pro, maintenant, on donne un contrat pour ne pas perdre un jeune. Cela crée un décalage, il faut donc faire comprendre aux jeunes qu'ils ne sont pas forcément prêts et gérer leur frustration. Au PSG, il y a beaucoup de ressources humaines, il a fallu aussi que j'appréhende cela.

"Ce sont deux projets (Guingamp et Metz) qui m'intéressaient mais ça n'a pas abouti. J'ai eu d'autres offres que j'ai déclinées parce qu'elles ne me correspondaient pas

Et tactiquement, quels sont vos principes ?

Je ne me suis pas enfermé dans un système, j'ai essayé une défense à 3 et à 4. La philosophie de jeu est plus importante que le système. La mienne est de maîtriser et contrôler le ballon tout en étant porté sur l'offensive et en gardant un équilibre. Un système, c'est une chose mais l'animation en est une autre, plus importante. Une équipe est à l'image de son entraîneur et de sa personnalité. Si tu cries tout le temps ou que tu t'agites sur le banc de touche, tu n'es plus audible au bout d'un moment. Moi, je cherche à être impactant.

Plusieurs de vos jeunes, comme Warren Zaïre-Emery, Senny Mayulu, ou Ayman Kari et Édouard Michut ont rejoint le groupe professionnel...

Je suis satisfait d'y être parvenu, d'autant que le fossé est important au PSG entre les U19 et les professionnels puisqu'il n'y a pas de réserve. Cela valorise le travail de la formation et cela montre aussi aux autres jeunes que c'est possible. Mon travail est de sortir des jeunes, mais on peut former et gagner aussi. Je leur disais souvent : "Vous avez une valise avec vous. Essayer de la remplir le plus possible pour arriver en pro avec de la détermination, de l'abnégation, le sens du sacrifice, de la patience, un travail tactique."

Pourquoi avoir quitté le PSG alors que vous ne savez pas encore où vous allez signer pour le moment ?

C'est l'heure, je suis prêt à entraîner chez les professionnels. Je n'ai pas la prétention de dire en Ligue 1 ou à l'étranger mais je suis prêt à prendre un projet.

On a parlé de vous à Guingamp ou Metz...

Ce sont deux projets qui m'intéressaient mais ça n'a pas abouti. J'ai eu d'autres offres que j'ai déclinées parce qu'elles ne me correspondaient pas. Là, je vais partir en vacances avec ma famille pour la première fois en août depuis seize ans.